- CHRÉTIENNE (SCIENCE)
- CHRÉTIENNE (SCIENCE)On considère souvent la Science chrétienne (Christian Science) comme une secte protestante. Bien que né sur le terrain protestant, ce mouvement, qui tient pour inspiré l’ouvrage de sa fondatrice Science and Health et l’utilise à l’égal de la Bible, doit plutôt être regardé comme une nouvelle religion (cult dans la terminologie des sociologues américains).La fondatriceLa fondatrice de la Science chrétienne, Mary Baker-Eddy (ce dernier nom étant celui de son troisième mari), est née à Bow (New Hampshire) en 1821. Dès ses premières années, elle souffrit de maux dus à une complexion délicate. De famille presbytérienne pieuse, elle adhéra, à l’âge de dix-sept ans, à une Église congrégationaliste. Mais déjà à cette époque, elle aurait entretenu des doutes sur certaines croyances traditionnelles du christianisme. Le souci de sa santé l’incita à rechercher des formes non conformistes de médecine: après la naissance de son enfant, en 1844, elle fut réduite à un état de semi-invalidité qu’elle ne surmonta qu’après sa découverte, en 1866, de la Science chrétienne. En 1862, elle fit la connaissance de Phineas Quimby, horloger de son métier et guérisseur à sa façon: il recourait à la persuasion, après avoir pratiqué, puis abandonné l’hypnotisme. La future fondatrice de la Science chrétienne eut entre les mains le cahier où Quimby avait résumé ses principes. Elle publia, en 1875, Science and Health with Key to the Scriptures , par la suite plusieurs fois remanié. Mary Baker-Eddy prétend cependant, dans ses écrits, que la révélation de la Science chrétienne lui fut donnée miraculeusement en lisant le récit biblique de la guérison du paralytique (Matthieu, IX, 2-8). Elle souffrait à ce moment-là des suites d’une chute sur un trottoir gelé et aurait été guérie en faisant la lecture de cette péricope évangélique. En un autre endroit, il est vrai, elle date la découverte de la Science chrétienne de l’année 1866. Retenons ici que Quimby était mort quelque temps avant l’épisode en rapport avec Matthieu, IX, 2-8. À partir de cette date, Mary Baker-Eddy se mit à pratiquer la guérison par persuasion (mind cure ) et à perfectionner son système théorique. En 1879, elle fonda officiellement l’Église du Christ (scientiste) et elle assura sa direction jusqu’à sa mort en 1910.Croyances et organisationLes croyances «scientistes» exposées dans Science and Health se réduisent à peu d’éléments positifs. Dans l’ensemble, elles se présentent plutôt comme assez différentes des croyances chrétiennes traditionnelles. Pour Mary Baker-Eddy, la matière n’existe pas, pas plus que la naissance, la mort ou la maladie, pas plus que le corps lui-même. L’homme est esprit. Il n’y a donc pas de péché, ni de peine pour le péché ou de récompense pour la vertu. Le Christ est esprit lui aussi, et son œuvre sur terre a consisté à diriger les esprits vers la réalité divine, les mettant ainsi en mesure de se libérer de l’illusion du mal, du péché, de la maladie et de la mort. Le retour du Christ, c’est la proclamation, à compter de la publication de Science and Health , de la vérité du christianisme redécouverte par la fondatrice de la Science chrétienne. Dans ce système, il n’y a place pour aucun sacrement. Le culte des «scientistes» comprend simplement des lectures de la Bible et de Science and Health accompagnées de commentaires appropriés, de cantiques et de témoignages de guérison. Une grande importance est accordée à la lecture des publications du mouvement, qui sont nombreuses, sinon variées. Chaque Église locale comporte une salle de lecture ouverte au public, confortable et dont l’atmosphère est feutrée. L’Église du Christ (scientiste) est organisée de façon très centralisée, sous la dépendance de la première Église, de Boston, qui fut celle de la fondatrice.En théorie et en pratique, la Science chrétienne ne publie pas de statistiques de ses adhérents. Mais on sait qu’elle compte environ 3 500 groupes, d’importance variable (de 1 500 à 50 adhérents). La plupart de ces Églises ou sociétés sont implantées dans des pays de langue anglaise, les deux tiers se trouvent aux États-Unis.Les ministres («practiciens») de la Science chrétienne, hommes ou femmes, sont soit des conférenciers, soit des guérisseurs employant exclusivement les principes et les méthodes du mouvement. Leur formation est assurée par la direction centrale de l’Église et contrôlée par elle. Le quotidien américain Christian Science Monitor lui appartient, journal surtout connu pour la valeur de ses informations, dans tous les domaines.Coordonnées sociologiquesLa Science chrétienne attire principalement des personnes des classes moyennes et supérieures sujettes à des maladies dites «de civilisation». Mais cette fonction intégratrice ne rend pas compte des significations variées du mouvement à son origine. D’une part, il participe, au départ, du piétisme prophétique, Mary Baker-Eddy étant un des «vaisseaux» porteurs de vérité pour les derniers âges du monde; d’autre part, il s’apparente aux mouvements divers qui tentent, au XIXe siècle, de soustraire l’inspiration de la Bible aux attaques de la critique en lui procurant la confirmation d’une nouvelle révélation, contemporaine celle-là. Enfin, dans le cas de la Science chrétienne, il faut noter l’effort fait pour adapter la religion traditionnelle au mode de vie, au pragmatisme américains du XIXe siècle et aux spéculations transcendantalistes. Cet ensemble de significations relie le mouvement à l’adventisme, ainsi qu’aux mormons et à des mouvements du genre New Thought . Pourtant, la lignée adventiste reste dans la mouvance protestante de type secte, tandis que mormons et Science chrétienne sont des religions nouvelles issues du christianisme et de type Église plutôt que secte.
Encyclopédie Universelle. 2012.